Eric Hansen - Narrateur

Le thème du déni de réalité, à ma modeste connaissance, a été peu développé dans la littérature de science-fiction. Or, Robert Silverberg animé par un pessimisme décomplexé, en fait le thème central de sa nouvelle "quand on est allés voir la fin du monde". L'Humanité en déclin refuse de voir ce qu'elle a sous les yeux : sa décadence, sa décomposition, et sa fin programmée. La force de son texte, jouant avec les contrastes entre la réalité et l'aveuglement de ses protagonistes, réside dans l'universalité de son propos résumé en cette formule extraite de la Culture populaire : "Jusqu'ici, tout va bien. Mais l'important, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage" ( "la Haine" de Mathieu Kassovitz); un atterrissage sur une plage sous les yeux éteints du dernier être vivant de notre panète. 

Pour ce premier volet de notre cycle consacré à Robert Silverberg, j'ai choisi un texte original représentatif des préoccupations exprimées par l'écrivain américain durant les premières années de sa carrière : "L'homme qui n'oubliait jamais" est un texte magnifique sur la mémoire, absolue et injuste. La mémoire la plus handicapante qui soit puisqu'elle empêche tout pardon. Le héros de cette histoire fuit ce qu'il est comme ceux qui lui ont transmis son mal jusqu'à ce que son destin le rattrape...